samedi 7 avril 2007

Saint Kurt des Derniers Jours

Jésus est mort hier, ça l'air que demain y va ressicitu, résurecter, revivu, renaquit, bref pu être mort...Dans le thème du week-end de Pâques, je vous parlerai d'un gars qui n'avait rien d'un saint, mais qui avait pourtant des millions de fidèles...D'ailleurs j'y pense, c'est sa fête bientôt. C'est que voyez vous, j'ai loué le film Last Days de Gus Van Sant en fin de semaine, et ça m'a assez marquée pour avoir envie d'en parler ici.

J'avais entendu parler du film à sa sortie, je n'avais prêté que peu d'attention aux critiques, j'avais seulement retenu que c'était inspiré des derniers jours de Kurt Cobain. Un vendredi saint pas si lointain se présenta et au retour d'une escapade dans le péché (Sugar Heaven, pardonnez-moi, j'ai cédé à l'appel du sucre...je suis une vilaine fille...) le club vidéo semblait être la suite logique de mon parcours. Je suis tombée sur Last Days et je l'ai pris impulsivement, sans lire l'arrière de la boite. Il était tard quand j'ai commencé à l'écouter, et je ne l'ai pas terminé, parce que l'atmosphère du film était trop silencieuse et lente pour mon état d'esprit, qui avait hâte de dormir. Alors j'ai arrêté après 50 minutes, au moment où il commence à y avoir de la musique. Je suis donc allé dormir et j'ai repris mon écoute le lendemain. À tête reposée, j'ai pu mieux saisir toute la beauté et la poésie du film. Last Days va bien au delà du fait divers. On assiste à l'errance d'une âme, qui flotte entre le quotidien le plus ordinaire (il faut voir quand Blake/Kurt essaie de se faire du Kraft Dinner, ça lui demande presque autant de concentration qu'un problème de maths compliqué) et la vie d'artiste torturé, qui ressent un besoin urgent de créer et de s'exprimer par la musique. La scène où il est seul avec sa guitare et chantonne un air qu'il terminera avec passion est on ne plus claire.

Il faut préciser, ce film n'est absolument pas une biographie, c'est plus un poème cinématographique. L'acteur principal, Michael Pitt, joue un type qui s'appelle Blake, qui habite dans une grande maison au milieu des bois. Genre d'endroit qui a des airs de maison hantée ou de centre de désintox. On le voit errer dans la nature et vaquer à des activités étranges mais pourtant bien simples, avec dans les yeux un vide bouleversant. Les personnages qui gravitent autour de lui n'ont que peu d'impact, ils semblent pris dans leur monde et ne voient pas que Blake porte un énorme fardeau et est complètement perdu. Les dialogues sont rares, souvent incompréhensibles. Tout repose sur les images, la façon de filmer, qui est plutôt inhabituelle. Je pense à ce plan fixe de plusieurs secondes sur des feuilles dans le vent. Ou à ces dialogues en voiture de deux personnages secondaires, filmés comme si le caméraman était au-dessus du capot et filmait uniquement les reflets du ciel et des arbres dans le pare-brise. Le visuel du film parle beaucoup. Les images sont le complément du personnage principal, elles sont sa voix, sa vision décalée.

Si vous êtes un inconditionnel de Nirvana, je ne vous conseille pas vraiment Last Days, vous le trouverez probablement frustrant. Par contre, si vous vous sentez l'âme lourde et que vous avez envie d'un "film fucké ben raide avec plein de boutes bizarres qu'on comprends rien pis on sait pas trop pourquoi" je vous le recommande fortement.

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