vendredi 23 mars 2007

Confidences de deux fanatiques de musique

La musique : Un rituel au quotidien, confidences de deux fanatiques

Alors que l’actualité nous bombarde de conflits religieux et nous casse les oreilles avec les accommodements raisonnables, il devient de plus en plus pertinent de se demander quels sont les rituels qui sont importants dans notre quotidien. À quoi accordons-nous de l’importance ? Qu’est-ce qui donne un sens à notre vie ? Chacun trouvera sa réponse quelque part. Pour ma part, ce ne sont ni les églises ni les prières qui sont sacrées, c’est la musique. Pour moi, la musique est un rituel au quotidien, c’est ce qui me guide et me donne de l’énergie chaque jour. Puisque je suis loin d’être la seule dans mon cas, j’ai demandé à deux accros de la musique de me parler de l’importance que celle-ci prend dans leur quotidien. Depuis leur enfance jusqu’à aujourd’hui, Stéphanie Lavigne-Charette, étudiante à l’UQÀM et disquaire chez Archambault, et Johnny Love, génie derrière le groupe « ponk-croque » Le Volume Était Au Maximum, me racontent leurs parcours respectifs.

Pour un comme pour l’autre, les premiers contacts avec la musique remontent à au-delà de leur capacité de se souvenir. Les parents de Stéphanie se sont rencontrés dans un bar où sa mère était barmaid et son père chansonnier. Johnny, quant à lui, a un jour découvert qu’il pouvait ressentir des émotions très fortes en jouant avec les boutons d’un appareil que ses parents appelaient « radio ». À l’adolescence, Stéphanie se démarquait de ses amies puisqu’elle était la seule à écouter de la musique francophone. Ceci a contribué à forger sa personnalité, dit-elle. À cette époque, elle chantait dans une troupe et aimait beaucoup les chanteuses, comme Isabelle Boulay, Luce Dufault...et notre Céline nationale. Puis elle a commencé à s’intéresser à d’autres artistes, Daniel Bélanger, puis Marc Déry, ensuite Dumas et Ariane Moffatt. Aujourd’hui, la musique qui la rejoint n’est plus celle des interprètes comme autrefois. Elle apprécie ceux qui ont une démarche artistique unique, un son différent, et elle raffole des découvertes de groupes qui la font vibrer instantanément.

Pour Johnny, la musique est ce qui a gâché sa vie et l’a sauvée en même temps. Il était extrêmement renfermé et refusait tout contact avec les autres. La musique était sa seule porte de sortie pour échapper au monde « à chier » dans lequel il vivait. C’était au point où rien d’autre n’avait d’importance. Il passait 12 heures par jour avec des écouteurs sur les oreilles et ne se préoccupait nullement de ce que ses professeurs avaient à dire. Pour une raison qu’il ignore encore, il réussissait tous ses examens malgré tout. Vingt baladeurs, pas d’amis, toujours la musique. Aujourd’hui, la musique est encore la principale chose à laquelle Johnny s’accroche. Sa relation avec elle n’a pas changé dit-il, c’est ce qui détermine chaque petit geste qu’il pose. Il dit ne pas avoir eu de héros musical en particulier. Il y avait tellement à découvrir qu’il lui était impossible de s’arrêter sur seulement quelques-uns. Pour lui, la musique, c’est la musique. Tout ce qui est artistique le touche terriblement, peu importe le style. Si c’est bon, ça lui fout les glandes, dit-il. La musique le touche même un milliard de fois plus qu’avant. « Je suis rendu à un niveau où mon degré d’appréciation de la musique tue. » Voilà une citation qui résume bien la pensée de Johnny à propos de son amour pour la musique.

Aimer la musique, c’est bien, mais mes deux invités l’aiment tellement, qu’ils lui donnent une grande place dans leurs vies professionnelles. Stéphanie, en plus d’être disquaire chez Archambault, s’implique également à titre de bénévole dans différents festivals, dont le Festival de Musique Émergente de l’Abitibi Témiscamingue (F.M.E) et le Coup de cœur Francophone. Elle a aussi travaillé comme responsable des spectacles au Cégep du Vieux-Montréal et à la coordination de Cégeps en Spectacle. Pour couronner le tout, en tant que passionnée de la scène locale, elle a animé une émission de radio à CISM et géré un forum de discussion sur ce sujet. De son côté, Johnny passe plus de 80 heures par semaine sur la musique. Il aimerait bien avoir plus de temps pour écrire et composer, mais l’industrie étant ce qu’elle est, il doit investir la majeure partie de son temps dans la gestion et la promotion de son projet. Il se dit tout à fait conscient du fait qu’il serait plus lucratif d’être plongeur au salaire minimum dans un resto quelconque, ce pendant il assume son choix à 100%.

Dans la vie de tous les jours, Johnny et Stéphanie écoutent de la musique partout, tout le temps. Johnny la considère comme une drogue dure, quelque chose qui prend toute la place. Il raconte qu’il a essayé d’arrêter la musique progressivement. D’abord en se faisant des soupers sans musique, puis en passant une heure par jour sans musique, puis une demi-journée. Il a poussé l’expérience en tentant de passer une journée complète sans composer secrètement de la musique dans sa tête, puis une fin de semaine sans musique, même un mois. Ce fut un échec total dit-il. Malheureusement, ou plutôt heureusement, il est incapable de se passer de musique. « Tant pis si je meurs jeune d’une overdose de folie. C’est trop fort pour ma capacité de combattre » conclut-il. Stéphanie est une junkie de musique heureuse, la musique mène sa vie et ça lui plait, elle veut travailler à la promouvoir dans la francophonie, donc elle s’imprègne d’elle constamment. Ses lectures portent sur la musique, ses temps libres sont occupés par elle, les émissions de télé qu’elle regarde parlent de musique, elle dit ne vivre que pour elle.

Pour terminer, j’ai demandé à mes deux obsédés de musique de me dire quels sont leurs coups de cœur musicaux, tous genre et époque confondus. Vous comprendrez que de nommer seulement 5 albums « incontournables » est une tâche très ardue. Je vous présenterai donc leur choix comme des guides « pour les nuls ».


Guide des 5 meilleurs albums punk rock pour les nuls selon Johnny Love


The Queers – Don’t Back Down

The Lillingtons – Idiot Word Search
Ramones – Rocket to Russia
Screeching Weasel – How to Make Enemies and Irritate People
Green Day – Kerplunk



Guide des 5 meilleurs albums francophones pour les nuls selon Stéphanie
Lavigne-Charette


Daniel Bélanger – Quatre saisons dans le désordre

Karkwa – Les tremblements s’immobilisent
Richard Desjardins – Tu m’aimes tu
Les Colocs – Dehors novembre
Dumas – Le cours des jours


Petite « plogue » avant de tourner la page...
Le Volume Était Au Maximum sera en spectacle le vendredi 23 mars aux Foufounes Électriques, avec les Prostiputes.

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