samedi 21 juillet 2007

Les chroniques du métro : Petites histoires du commun des urbains No.1

Ligne Orange ; de Sauvé à Berri-Uqam

Ligne Verte ; Berri-Uqam à Pie-IX

22h40

Cette ville me surprendra toujours. Je venais de quitter Rosie et je réalisai que j’avais été un peu stupide de ne pas lui laisser mon numéro ou mon adresse courriel. Les chances de rencontrer une dame comme elle un mardi soir à la station Sauvé étaient désormais plutôt nulles. Elle s’était approchée de moi timidement, à son sourire et ses yeux brillants je cru d’abord qu’elle voulait me demander une information sur comment se rendre quelque part. Il n’en était rien. Rosie venait de teindre ses cheveux, qu’elle trouvait maintenant trop foncés. Elle voulait connaître mon avis sur l’éventualité d’ajouter des mèches auburn pour pâlir le tout. Je lui répondis honnêtement que je trouvais ses cheveux très bien. Elle me sourit et me dit qu’elle avait mis du blush sur ses joues pour attirer l’attention ailleurs. Je ne puis dire de quelle couleur était le blush, puisque le visage de Rosie était presque entièrement rouge. Ses yeux aussi étaient rouges, de fatigue et de manque de sommeil. Elle me raconta qu’elle ne voulait pas avoir l’air d’une « madame ».

-Je demande souvent à ma fille de 19 ans si j’ai l’air d’une madame. Quel âge as-tu toi?

-J’ai 21 ans.

-Ah oui? Ma plus vieille à 25 ans. Est-ce que tu étudies toujours?

-Oui, je termine mon bac cette année.

-En quoi?

-En animation et recherche culturelle.

Rosie s’illumina et me dit qu’elle avait un bac en animation et recherche culturelle. Je ne puis dissimuler mon enthousiasme devant cette heureuse coïncidence. Rosie me parla alors de son parcours professionnel, des postes qu’elle avait eus et de l’expérience qu’elle avait acquise au fil des années. Elle voulu savoir quels étaient mes intérêts. Le métro arriva à se moment et alors que nous entrions, je lui parlai du stage que j’allais faire cet automne et de mon intérêt pour le journalisme culturel. La conversation dévia ensuite sur mon parcours en animation jeunesse et sur mon actuel travail dans une maison des jeunes. Rosie semblait très intéressée. Elle me racontait des anecdotes sur ses années dans un centre de femmes, puis comme assistante d’une famille d’accueil. C’était une passionnée. La ligne orange défilait lentement, et Rosie décida de ne pas sortir à Sherbrooke et de continuer le trajet avec moi. Nous étions contentes de discuter ensemble.

-Je trouve ça le fun de parler avec toi. Me dit-elle.

-Ça me fait plaisir. Je ne suis pas une montréalaise frustrée qui vit dans sa bulle et qui ne parle avec personne. J’aime parler avec les gens.

-Tu es une montréalaise?

-Oh, non. Je ne viens pas de Montréal. Je viens de Sept-Îles.

- Vraiment? Je m'en vais à Maliotenam dans deux semaines!

Encore une coïncidence. En plus d’avoir étudié dans le même programme que moi, Rosie connaissait ma région natale. Maliotenam est une communauté Montagnaise située près de Sept-Îles. J’étais fascinée de savoir que Rosie avait pris des cours de montagnais et qu’elle affectionnait les Innus et leur culture. Au moment de transférer vers Honoré-Beaugrand, Rosie et moi sommes restées sur le quai un moment à discuter. Puis elle pris la direction de la sortie pour retourner chez elle. La dernière chose que j’entendis d’elle fut "J’aimerais ça te revoir"


Voilà pourquoi je me sentais un peu stupide, à 22h40 dans le métro sur la ligne verte.


1 commentaire:

Stéphanie a dit…

Elle est belle ton histoire... C'est peut être la preuve que tu attires les personnes bonnes près de toi. Peut être que Rosie va recroiser ton chemin...en fait, j'en suis certaine...