..Une entrevue révolutionnaire avec le groupe Genr'Radical.
Par un après-midi terne et gris, un carré rouge épinglé à un sac à pois assista à une entrevue avec deux musiciens, Ève-Marie et Yannick, activistes colorés, déterminés à mettre de la joie dans les discours politiques. Tout à coup, le ciel gris n’était plus si triste...
Le petit carré s’intéressa d’abord au parcours de ces deux complices et de leurs amies, qui forment ensemble genr’radical. Ève-Marie, Véronique, Yannick, Maude et Barbara se connaissaient depuis longtemps au moment de la formation du groupe en 2003. À l’origine, Yannick et Maude devaient collaborer ensemble afin d’enregistrer les chansons de cette dernière. Par la suite, le groupe s’est formé au fur et à mesure que les autres complices se sont jointes à l’aventure. Issus de réseaux sociaux et militants communs, les membres de genr’radical partagent des idéaux politiques et une volonté de conscientiser qui se transmet par la musique. À ce propos, le carré rouge nota que pour genr’radical, l’idée de faire un disque était un excellent moyen de financer des causes qui tiennent à cœur à ses membres. Le projet de groupe évolua naturellement vers des performances live étant donné que chacun et chacune avaient pour rôle au sein de différents mouvements militants d’être les animateurs culturels musicaux.
Militantisme, activisme, discours politique...oui mais de quoi parlent les chansons de genr’radical, concrètement ? Ève-Marie explique que les thèmes abordés par le groupe peuvent être classés dans cinq catégories. Premièrement, la critique du système capitaliste. Evidemment, puisque ce système est à la base de la plupart des grands problèmes mondiaux, genr’radical s’y attaque inévitablement dans ses textes. Deuxièmement, la critique des rapports entre les hommes et les femmes, ainsi que le féminisme radical. Cette idéologie est fondamentale pour les membres du groupe. Être féministe, c’est nécessaire et non négociable pour genr’radical, dans un monde qui se dit moderne mais qui tolère encore beaucoup trop d’injustices entre les genres. Ensuite, l’histoire et l’actualité des mouvements militants. Aussi, les rapports entre le Nord et le Sud, ainsi que la critique de l’impérialisme. Finalement, l’autocritique du mouvement d’extrême gauche. Parce que pour rester cohérent, il est essentiel de reconnaître ses travers et ses paradoxes.
Dans genr’radical, tout le monde écrit et chante. Tout le monde s’inspire de sa vie de militantE, de l’actualité et de sa vie personnelle pour écrire. L’esprit collectif est très important, chaque membre à une place dans le groupe et personne n’est au-dessus des autres. À travers leurs œuvres, la bande d’amiEs souhaite propulser les causes en lesquelles ils/elles croient. Chaque mots qu’ils écrivent et chantent est pensé et ressenti sincèrement et profondément. Leur mission est d’accompagner les luttes politiques par la musique, puisque beaucoup de choses peuvent être dites en musique et être acceptées plus facilement que dans les discours politiques. Alors que le premier effort du groupe porte davantage sur la réflexion, le prochain album prendra un virage d’action et d’affirmation. Ce work in progress prendra forme au printemps prochain selon les dires du groupe.
Parlant d’album, Yannick et Ève-Marie évoquent l’éthique du monde musical alternatif lors de la discussion. Genr’radical souhaite évidemment profiter d’une diffusion plus large que celle du cercle de collègues et amis militants qu’ils fréquentent. Cependant, ils hésitent à s’allier à une compagnie de disque ou de distribution, même alternative. Selon eux, le monde des diffuseurs musicaux n’est pas assez politisé. Même les compagnies qui signent des artistes engagés ont souvent leur mot à dire dans le processus, la démarche artistique des artistes qui signent un contrat de disque. Le groupe est donc en quelque sorte dans un dilemme. Rester indépendant, continuer de travailler de manière libre et sans contraintes et bûcher plus fort pour se faire connaître et distribuer son disque, ou signer un contrat qui risque d’imposer des limites au groupe afin de faciliter sa diffusion. La question demeure, peut-on faire sans le système?
Genr’radical propose de faire la réflexion à ce sujet, et de garder à l’esprit que tout passe en musique. La musique peut changer les gens, les transporter et les amener ailleurs, là où ils n’auraient jamais pensé aller.
Avis aux intéressées, le groupe est à la recherche d’une percussionniste pour venir mettre encore plus de rythme dans ses compositions. Féministes radicales, bienvenues !
Pour plus d’informations sur le groupe et ses actions, visitez leur site Internet : www.antipatriarcat.org/radical
Une liste de diffusion est disponible sur le site, si vous souhaitez être informés des activités du groupe directement dans votre boîte de courriel.
Le groupe est aussi sur Myspace : www.myspace.com/genrradical