jeudi 29 mars 2007

Bonnes nouvelles

Deuxième pause en une heure de ce putain de travail à la con que je dois faire pour mon cours de formation professionnelle et préparation au stage. Ça l'air sérieux dit comme ça, mais le cours consiste principalement à écouter des gens vendre la salade de leur boîte pour que nous, étudiants finissants d'animation recherche culturelle, allions offrir nos jeunes esprits tout bien formés pendant 600 heures. J'en ai rien à foutre moi de ce travail maintenant. J'ai trouvé mon milieu de stage, et tout ce qu'il me manque, c'est le papier signé par moi, ma prof et nul autre que Pat K, éditeur du journal BangBang. Parce que oui, c'est au BangBang que je vais faire mon stage cet automne. Joie. J'ai envoyé mon cv mardi le 20. Jeudi le 22, je reçois un appel de Pat K, il est intéressé à me voir en entrevue. Le mardi d'après, je suis devant lui, et c'est la première fois que je passe une entrevue durant laquelle celui qui pose les questions parle plus que moi...Bon, faut croire que j'ai été convaincante, puisque je sors de là avec la confirmation que je rockerai le BangBang en septembre. Wow! Non mais c'est tu assez hot à ton goût ça? Je pense que j'ai droit à un bon pétage de brettelles avec un air satisfait ;) Voilà donc ma bonne nouvelle de la semaine.

Autrement, le mini Blog à pois a suscité des réactions depuis sa mise en ligne. La plus inattendue et surprenante fut sans contredit celle d'Anthony Naglaa, fondateur de la Generation Rose, collectif d'auteurs qui publient des textes sur le net. Il m'a écrit un message sur Myspace suite à la lecture de la phrase de mon profil qui dit "Je ne prétend pas être une auteure, ni la porte-parole d'une génération" ici le mot génération étant un lien vers le fameux blog rose. J'ai dû expliquer que la phrase ne se veut aucunement une attaque ou un commentaire négatif, simplement une façon de dire que mon blog est bien humble et justement sans prétention. Le malentendu est heureusement réglé, même qu'Anthony aime bien "ce que je fais"...Une autre bonne nouvelle quoi! :)

dimanche 25 mars 2007

T'avais juste à être là!

T'étais où hier soir? Si la réponse n'est pas "Au lancement de Gatineau au Petit Campus" c'est que t'as rien compris le gros! Regarde tout ce que t'as manqué...pauvre toi...


Pow Pow t'es mort, sinon j'joue pu!!


Maudit qu't'a des belles dennnnts


C'est comme du théâtre hip-hop


Watch out! MC Brutalll mord fort!


À genoux et Praise the Looorrrrd!!


samedi 24 mars 2007

Je collectionne les t-shirts




Ben ouais quoi...yen a qui collectionnent les vieilles mitaines qui traînent par terre, d'autres qui préfèrent les objets de Winnie the Pooh. Moi, je collectionne les t-shirts. Mais pas n'importe lesquels, les t-shirts de bands. Ouais, je suis une fille comme ça. Il y a de ça plusieurs années, certains ici diraient "back in the days" quand j'étais en secondaire 5, Les Cowboys Fringants sont venus faire un show dans ma hometown Sept-Îles. C'est à ce fameux show que j'ai fait ma première acquisition. Dieu sait que les Cowboys ont une panoplie de t-shirts de toutes les couleurs, de tous les styles. Mon choix s'est arrêté sur une camisole bleu poudre. J'ai porté cette camisole avec fierté, le plus souvent que j'ai pu. Au début, elle était un peu pas mal décolletée. Avec le temps et les lavages, elle est devenue semi-mauve et "bedaine style". Après les Cowboys, ça été Dumas. Suite logique. T-shirt noir avec des petits carrés comme dessinés à la craie. Puis, mon premier top rouge des Breastfeeders, que j'ai porté à Tadoussac en 2005 le soir de leur premier show au festival de la chanson. À quoi je pensais direz-vous? Je me le demande encore...Après ça, mon t-shirt de Loco Locass, le fameux amour oral. Lui aussi je le porte fièrement malgré son titre à double sens tellement controversé ;) Ensuite, revirement de situation, je tombe en amour avec un t-shirt du groupe Le Nombre, desingné par la fantastique Sweet Grognasse. Quoi de mieux qu'une paire de jambes roses sur fond de losanges pour se sentir sexy?? Mon t-shirt du Nombre est un incontournable de ma collection. J'ai vu seulement deux personnes qui ont le même. En plus je l'ai acheté à l'ancien, ancien local des Anges Vagabonds sur Mont-Royal...Tellement significatif! Le trip s'est poursuivi quand j'ai acheté mon t-shirt "I'm with the band" que je portais à Stoneham en 2006 au show des Breastfeeders et que j'ai enlevé et garroché à l'autre bout de la salle pendant le show...inquiétez vous pas, je portais une camisole en dessous de mon t-shirt, franchement gang de pervers arrêtez de m'imaginer en soutient-gorge dans un show de rock'n'roll...ppfffffttt. Tant qu'à être partie dans les anecdotes sur les Breast (non, pas de jeu de mot facile ici....nenonnn...) eh bien j'ai acheté mon deuxième t-shirt d'eux à leur show des Francofolies 2006. Il est tellement hot, noir avec un dessin rouge des pieds de Johnny Maldoror qui écrabouille une tambourine. Magique. Après ce petit bijou, il s'est écoulé plusieurs mois avant que je n'agrandisse encore ma collection de t-shirts. Ce soir, j'en ai enfin un nouveau. Il est rose. Il est écrit levolumeétait aumaxium devant et LES PRINCESSES NE DORMENT PAS SUR ÇA derrière. Je l'adore. Tout comme la chanson Petite Fille Je T'aime...

vendredi 23 mars 2007

Confidences de deux fanatiques de musique

La musique : Un rituel au quotidien, confidences de deux fanatiques

Alors que l’actualité nous bombarde de conflits religieux et nous casse les oreilles avec les accommodements raisonnables, il devient de plus en plus pertinent de se demander quels sont les rituels qui sont importants dans notre quotidien. À quoi accordons-nous de l’importance ? Qu’est-ce qui donne un sens à notre vie ? Chacun trouvera sa réponse quelque part. Pour ma part, ce ne sont ni les églises ni les prières qui sont sacrées, c’est la musique. Pour moi, la musique est un rituel au quotidien, c’est ce qui me guide et me donne de l’énergie chaque jour. Puisque je suis loin d’être la seule dans mon cas, j’ai demandé à deux accros de la musique de me parler de l’importance que celle-ci prend dans leur quotidien. Depuis leur enfance jusqu’à aujourd’hui, Stéphanie Lavigne-Charette, étudiante à l’UQÀM et disquaire chez Archambault, et Johnny Love, génie derrière le groupe « ponk-croque » Le Volume Était Au Maximum, me racontent leurs parcours respectifs.

Pour un comme pour l’autre, les premiers contacts avec la musique remontent à au-delà de leur capacité de se souvenir. Les parents de Stéphanie se sont rencontrés dans un bar où sa mère était barmaid et son père chansonnier. Johnny, quant à lui, a un jour découvert qu’il pouvait ressentir des émotions très fortes en jouant avec les boutons d’un appareil que ses parents appelaient « radio ». À l’adolescence, Stéphanie se démarquait de ses amies puisqu’elle était la seule à écouter de la musique francophone. Ceci a contribué à forger sa personnalité, dit-elle. À cette époque, elle chantait dans une troupe et aimait beaucoup les chanteuses, comme Isabelle Boulay, Luce Dufault...et notre Céline nationale. Puis elle a commencé à s’intéresser à d’autres artistes, Daniel Bélanger, puis Marc Déry, ensuite Dumas et Ariane Moffatt. Aujourd’hui, la musique qui la rejoint n’est plus celle des interprètes comme autrefois. Elle apprécie ceux qui ont une démarche artistique unique, un son différent, et elle raffole des découvertes de groupes qui la font vibrer instantanément.

Pour Johnny, la musique est ce qui a gâché sa vie et l’a sauvée en même temps. Il était extrêmement renfermé et refusait tout contact avec les autres. La musique était sa seule porte de sortie pour échapper au monde « à chier » dans lequel il vivait. C’était au point où rien d’autre n’avait d’importance. Il passait 12 heures par jour avec des écouteurs sur les oreilles et ne se préoccupait nullement de ce que ses professeurs avaient à dire. Pour une raison qu’il ignore encore, il réussissait tous ses examens malgré tout. Vingt baladeurs, pas d’amis, toujours la musique. Aujourd’hui, la musique est encore la principale chose à laquelle Johnny s’accroche. Sa relation avec elle n’a pas changé dit-il, c’est ce qui détermine chaque petit geste qu’il pose. Il dit ne pas avoir eu de héros musical en particulier. Il y avait tellement à découvrir qu’il lui était impossible de s’arrêter sur seulement quelques-uns. Pour lui, la musique, c’est la musique. Tout ce qui est artistique le touche terriblement, peu importe le style. Si c’est bon, ça lui fout les glandes, dit-il. La musique le touche même un milliard de fois plus qu’avant. « Je suis rendu à un niveau où mon degré d’appréciation de la musique tue. » Voilà une citation qui résume bien la pensée de Johnny à propos de son amour pour la musique.

Aimer la musique, c’est bien, mais mes deux invités l’aiment tellement, qu’ils lui donnent une grande place dans leurs vies professionnelles. Stéphanie, en plus d’être disquaire chez Archambault, s’implique également à titre de bénévole dans différents festivals, dont le Festival de Musique Émergente de l’Abitibi Témiscamingue (F.M.E) et le Coup de cœur Francophone. Elle a aussi travaillé comme responsable des spectacles au Cégep du Vieux-Montréal et à la coordination de Cégeps en Spectacle. Pour couronner le tout, en tant que passionnée de la scène locale, elle a animé une émission de radio à CISM et géré un forum de discussion sur ce sujet. De son côté, Johnny passe plus de 80 heures par semaine sur la musique. Il aimerait bien avoir plus de temps pour écrire et composer, mais l’industrie étant ce qu’elle est, il doit investir la majeure partie de son temps dans la gestion et la promotion de son projet. Il se dit tout à fait conscient du fait qu’il serait plus lucratif d’être plongeur au salaire minimum dans un resto quelconque, ce pendant il assume son choix à 100%.

Dans la vie de tous les jours, Johnny et Stéphanie écoutent de la musique partout, tout le temps. Johnny la considère comme une drogue dure, quelque chose qui prend toute la place. Il raconte qu’il a essayé d’arrêter la musique progressivement. D’abord en se faisant des soupers sans musique, puis en passant une heure par jour sans musique, puis une demi-journée. Il a poussé l’expérience en tentant de passer une journée complète sans composer secrètement de la musique dans sa tête, puis une fin de semaine sans musique, même un mois. Ce fut un échec total dit-il. Malheureusement, ou plutôt heureusement, il est incapable de se passer de musique. « Tant pis si je meurs jeune d’une overdose de folie. C’est trop fort pour ma capacité de combattre » conclut-il. Stéphanie est une junkie de musique heureuse, la musique mène sa vie et ça lui plait, elle veut travailler à la promouvoir dans la francophonie, donc elle s’imprègne d’elle constamment. Ses lectures portent sur la musique, ses temps libres sont occupés par elle, les émissions de télé qu’elle regarde parlent de musique, elle dit ne vivre que pour elle.

Pour terminer, j’ai demandé à mes deux obsédés de musique de me dire quels sont leurs coups de cœur musicaux, tous genre et époque confondus. Vous comprendrez que de nommer seulement 5 albums « incontournables » est une tâche très ardue. Je vous présenterai donc leur choix comme des guides « pour les nuls ».


Guide des 5 meilleurs albums punk rock pour les nuls selon Johnny Love


The Queers – Don’t Back Down

The Lillingtons – Idiot Word Search
Ramones – Rocket to Russia
Screeching Weasel – How to Make Enemies and Irritate People
Green Day – Kerplunk



Guide des 5 meilleurs albums francophones pour les nuls selon Stéphanie
Lavigne-Charette


Daniel Bélanger – Quatre saisons dans le désordre

Karkwa – Les tremblements s’immobilisent
Richard Desjardins – Tu m’aimes tu
Les Colocs – Dehors novembre
Dumas – Le cours des jours


Petite « plogue » avant de tourner la page...
Le Volume Était Au Maximum sera en spectacle le vendredi 23 mars aux Foufounes Électriques, avec les Prostiputes.

jeudi 22 mars 2007

Découverte : La musique africaine

Voici un deuxième article paru dans l'Artichaut...

Quand on pense musique africaine, on pense souvent rythmes endiablés, percussions et mouvements de danse particuliers. Mais que savons-nous vraiment de la musique de ce continent si riche de culture ? Bien peu, malheureusement. Question d’en savoir un peu plus et de faire une belle découverte, je me suis entretenue avec trois étudiants qui animent une des rares émissions de CHOQ fm traitant et diffusant principalement de la musique africaine noire.


Nouveauté cette session à la radio de l’UQÀM, l’émission animée par Stéphanie Lessard-Bérubé, Julie Martineau, Patrick Kouka et JV Kouamé est un projet qui vise avant tout, vous l’aurez deviné, à faire découvrir la musique africaine par des gens d’ici et de là-bas. L’idée est née dans la tête de Stéphanie, qui est très intéressée par la musique africaine. Elle a recruté Julie en premier, et les deux gars se sont ajoutés à l’équipe lors de la deuxième émission. La formule de l’émission est vraiment le résultat d’un travail collectif. Chacun apporte quelque chose de particulier, tout le monde participe à la recherche et à l’animation, le tout, une émission à la fois. Le défi est grand pour ces quatre amis, qui tentent de faire ressortir la profondeur culturelle de l’Afrique à travers leur émission. Ils y arrivent quand même bien, étant tous motivés et ayant du plaisir à collaborer. D’ailleurs, il faut les voir discuter ensemble, mon stylo se déchaîne dans mon cahier de notes tellement ils sont volubiles. Ils me racontent qu’ils veulent donner une voix à la communauté africaine de l’UQÀM, afin de favoriser la création de liens et d’échanges entre les étudiants. De plus, ils tiennent à offrir une vitrine aux artistes africains de Montréal, qui sont très nombreux et trop souvent méconnus. Avec un projet rassembleur basé sur la musique, ils comptent bien atteindre cet objectif.

Le mélange des cultures se fait au cœur même de l’émission, puisque Patrick et JV apportent une vision différente de la radio conventionnelle à laquelle nous, occidentaux, sommes habitués. En effet, les deux gars aiment bien colorer leurs interventions selon ce que la musique leur fait ressentir, plutôt que selon un cadre bien précis. Patrick m’explique qu’il cherche à créer une interaction plus vivante avec les auditeurs. Il n’hésite pas à faire des dédicaces ou à baisser le volume pendant un extrait de chanson pour faire un commentaire. De cette façon, l’émission prend une ambiance plus conviviale, davantage en accord avec l’esprit de la musique africaine. Bien entendu, une adaptation entre improvisation et organisation a dû se faire dans l’équipe.

Les idées et projets ne manquent pas au sein de cette bande d’amis. En effet, ceux-ci voudraient impliquer davantage les étudiants de l’Association des Étudiants Africains de l’UQÀM, celle-ci étant représentée pour l’instant par Patrick au sein de l’équipe. Aussi, l’idée d’inviter des gens qui ont voyagé en Afrique pour qu’ils viennent partager leur expérience à été pensée. Également, un projet d’émission avec une chanson québécoise pour chaque chanson africaine est sur la table. On leur souhaite donc du succès dans leurs projets, en vous invitant à surveiller le site de CHOQ (choqfm.ca/afrique) pour plus de détails....

mercredi 21 mars 2007

Entrevue avec Séba273


Mardi le 6 mars, 20h, il fait moins quarante et alors que les gens sensés sont dans leur salon bien au chaud sous une couette, je brave le froid sibérien pour me rendre dans un sympathique café du Mile-End. J’entre et j’aperçois Séba, assis près de la fenêtre en train de dévorer un sandwish. Le rappeur déchaîné sur scène et pourtant bien calme dans la vie répond avec enthousiasme à mes questions, à la veille de la sortie du premier album véritable de son groupe, Gatineau. Entretient avec un freak de Montréal qui a le rythme dans le sang et la cause du rap dans le cœur.

Qui est Séba ?
Je fais du rap, je fais des soirées Rap Maudit, je chante dans Gatineau, pis j’ai collaboré avec Loco Locass et Ghislain Poirier. Dans les années ’90 je faisais du beatbox, je me tenais dans la rue pis j’ai commencé à rapper en faisant des graffitis sur les murs et en faisant du beatbox avec C-Drik et le IBM Crew.


Pourquoi le rap ?
J’ai grandi avec ça, avant d’écouter du rap je faisais du beat, des sons avec ma bouche. Quand j’ai découvert le rap j’ai tout de suite été séduit. C’était comme moi, c’était enfin quelqu’un qui s’exprimait pour moi. J’ai grandi avec le rap, le rap est vraiment dans moi. Là j’ai recommencé à en écouter beaucoup du rap dernièrement, mais y a été un bout où j’en écoutais moins mais ça me manquais pas. C’est comme Obélix, je suis tombé dedans quand j’étais ti-cul le hip-hop, je suis « old school ». C’est ma manière de m’exprimer. Je me souviens un moment donné j’étais gothique, j’ai été gothique pendant un an ou deux, pis je disait quand même « yo man » « chill » pis « fat ». Le rap ça sortira pas de dans moi. Mais c’est aussi un véhicule poétique. Pour moi c’est le véhicule poétique le plus intéressant en ce moment. C’est la forme d’art qui est la plus proche de la poésie mais c’est de la poésie qui est aussi la plus proche du langage parlé. C’est la poésie qui est la plus rythmée. Moi je faisais du beatbox avant pis je suis passé du beatbox au rap mais je n’ai pas l’impression de manquer quelque chose parce que la rythmique que je travaillais avant dans le beatbox est encore présente aujourd’hui dans mes textes.


Que penses-tu de la scène locale ? Ses acteurs, ses diffuseurs, son public ? Parce qu’on sait que tu as déjà « blogué » là-dessus en disant que c’était un bocal...
C’est ça que c’est, pis ça va continuer d’être ça. On est arrivés nous autres Gatineau, pis Omnikrom pis bien d’autres bands, à un moment super particulier pis trippant de la scène locale. C’est qu’il y a plein d’infrastructures, de bars qui sont prêts à nous accueillir et à produire nos spectacles avec nous autres. Pis y a aussi Myspace qui est un véhicule incroyable. Mais les groupes sur Myspace, on est tous nés, on s’est tous rencontrés sur le forum des Loco Locass, ça été un gros élément déclencheur. Sauf que maintenant avec Myspace y a beaucoup de bands, beaucoup de gens qui peuvent se diviser facilement, rapidement. Sans Myspace je pense qu’on ne serait même pas là nous autres Gatineau. Sauf que là y commence à y avoir de plus en plus de bands. Pis moi je suis en train de penser à ça, je pense qu’ y va vraiment falloir se structurer dans pas long parce que on va finir par crever. Parce que y a trop d’événements, y a trop de spectacles en même temps, écoute, juste les deux dernières semaines, y a eu des shows de hip-hop hyper importants. Y a eu DZ pis NDS au Main Hall, pis en même temps y a avait Sharp à L’Os, le lendemain y a eu Bounce le Gros, l’autre lendemain y avait une soirée de slam à laquelle je participe, le lundi y a eu TTC, après y a eu Rap Maudit, après y a eu Gatineau, Bleubird pis Subtitle, le lendemain Relaxe le Gros, l’autre lendemain un autre Sharp à L’Os pis le lendemain un autre show de hip-hop. Pis c’est toute le même crowd qui suit ça. Va falloir qu’on se structure, qu’on fasse des ponts avec les autres villes. Moi je suis en train de travailler avec les gens de Québec et de Rouyn-Noranda, pis avec les américains.

Pis le monde aussi buzz scène locale. Tu vas chez les gens, pis ils n’écoutent plus juste les Beastie Boys ou Rage Against The Machine, ils écoutent la scène locale, parce qu’il y a une proximité. Tu vas dans un bar pis il n’y a aucune différence, aucune hiérarchie entre le journaliste de la scène locale, comme Marie-Hélène Poitras ou Olivier Robillard-Laveaux, le chanteur d’un band, le musicien, le public, le barman, le groupie, la personne qui est là par hasard. Il n’y a aucune différence, on fait tous partie de la même scène. S’il y a quelque chose à retenir c’est qu’il y a beaucoup d’effervescence, il y a beaucoup d’offre, mais il n’y a pas assez de demande, pas assez de public pour ça. Déjà CISM qui essaie d’aller chercher du public dans la couronne autour de Montréal. Parce que c’est bien beau si tu te promènes à Montréal tu vois toute notre gang à nous autres mettons Motus3F on est bien populaires, mais moi ma popularité s’arrête en plein milieu du pont Jacques-Cartier, plus loin que ça y a pu personne qui me connaît. Avec Gatineau on est allés jouer à Joliette, devant le barman. Donc c’est important d’aller chercher du public, d’amener des gens à Montréal, mais aussi en région.


Parlons un peu de l’IntégraLLL, qu’est-ce que représente la sortie de cette fameuse galette pour Gatineau ?
C’est le rêve et le travail de toute une vie de faire un album, depuis que je suis ti-cul que je rêve de faire un disque et enfin, je fais un disque et il ressemble vraiment à ce que je voulais. Là on est partis de l’idée des cassettes et des ghetto-blasters, parce que moi j’ai commencé à écouter du hip-hop avec des cassettes pis des ghetto-blasters, c’est ça qui est le fun côté imagerie. Ça signifie aussi l’achèvement d’une couple d’année de travail parce que il y a deux, trois textes sur le disque que je chantais déjà avec Ghislain Poirier, c’était le temps que ces textes là soient fixés pour qu’on puisse passer à autre chose, pis que moi aussi, parce que je sentais que ça m’handicapais un petit peu. Pis là je commence à travailler avec des nouveaux sujets donc le prochain album va pouvoir avoir une autre ligne directrice.

À quoi peut-on s’attendre avec l’IntégraLLL, l’ambiance, les sujets ?
C’est ben punk, c’est un en arrière de l’autre, ça arrache. Le drum est mis à l’avant plan pis ma voix est mise à l’avant plan, c’est ben punk, c’est ben sale, c’est pratiquement rock, mais avec un groove hip-hop. Un peu à l’image des shows, mais ça aurait pu aller un peu plus loin. Mais mettons avec une toune comme Freak de Montréal, est hallucinante, est pareille comme en show. C’est ça, c’est violent.


Comment ça se passe entre le moment où tu as une idée, jusqu’à ce que ça se concrétise sur une scène, en spectacle ?
C’est vraiment long. Des fois je peux penser à une toune, comme quand j’ai acheté mon laptop, j’ai commencé à écrire une toune, c’est Y a tout l’temps d’quoi , pis hier soir je me suis assis pis c’est arrivé tout seul. Des fois c’est un mot qui arrive pis qui s’enchaîne, mais souvent j’y pense longtemps, longtemps, longtemps à l’avance. Comme là je veux écrire une toune qui va s’appeler Ping Pong le « name dropping pogne ». Je veux parler de la scène locale mais dire je connais lui, je connais lui, je suis hot mais comme une grosse toune joke mais avec des affaires vraies. Là ça fait six mois que j’y pense. Quand j’ai une idée, au lieu de la concrétiser tout de suite, j’essaie de la vivre, d’observer tout ce qui se passe, voir comment ça marche. Je me mets en mode observation, mettons je me dis, je veux faire un portrait, un paysage, pis là je me promène un petit peu partout pis j’essaie de trouver un paysage, pis des fois c’est long mais un moment donné y a un élément déclencheur mais je sais que je veux faire ça. Souvent ce que je fais c’est que j’avance beaucoup, beaucoup dans un texte, mais y a tout le temps quatre lignes, un couplet que j’écris pas tout de suite parce que je me dis que je vais regretter d’avoir finit le texte tout de suite, qu’il me reste quelque chose à vérifier, une dernière phrase qui va lier tout ça. Souvent j’attends, comme là le texte que j’ai fini hier y me reste deux lignes à écrire, j’attends, je fais exprès, je le laisse là.

Tu me posais la question entre l’élément créateurs, pis le disque, c’est fou parce qu’en ce moment on fait le disque, pis c’est moi qui a décidé un peu du dessin avec la gang de Cinqunquatre, on s’est échangé plein d’affaires, je suis allé les voir une couple de fois. Écoute je suis allé chercher le papier pour mon album à l’imprimerie dans le Vieux Montréal. J’ai vu le papier se faire couper, aujourd’hui on a choisit les couleurs. J’ai tout, tout, tout vu de A à Z, c’est fou. Je pensais à ça, je me disais merde, j’étais dans le Parc Lafontaine, y a trois ans, un soir, avec deux bouteilles de vin en train de pleurer parce que je réalisais que j’étais alcoolique. J’écrivais dans le noir pis je voyais pas pentoute ce que j’écrivais sur ma feuille de papier. J’ai écris genre « j’passe toute mon temps, bin fini su’a java » le premier couplet genre de Alcool Entre ce moment là qui est un élément déclencheur pis triste dans ma vie, pis cette toune là est rendue sur un disque. C’est mongole, de penser que l’acte créatif c’est un acte tellement solitaire, t’es tout seul, pis là tu livres au public, pis la mise en marché de cette affaire là, c’est peté.

MC BrutaLLL, d’où sort-il, qui est-il ?
C’est mon Slim Shady. Ce qui est drôle c’est que MC BrutaLLL y était pas supposé de virer genre sexe au début. C’est que j’ai vu, y avait Ringo Rinfret, c’est drôle parce que je ne l’ai jamais dit à personne, ç’a duré une semaine cette influence là. Ringo Rinfret y a sorti un album, y a fait le cover du Voir, pis paraîtrait que c’est complètement stupide son disque. Pis je me suis dit crime ça serait drôle de faire un personnage de rap qui dit vraiment des conneries, mais dans le fond y répèterait exactement la même chose que les autres MC disent, mais il les amplifieraient tellement, que les autres rappeurs auraient comme pas le choix de dire « Ouin, c’est épais quand on parle de cul pis ci pis ça... » Fait que j’ai commencé à écrire là-dessus, « c’est moi MC BrutaLLL » « je suis dans la maison » au lieu de « I’m in tha house » pis finalement je me suis mis à écrire la toune Pointe all-dressed, pis après je me suis mis à écrire une autre toune sexuelle, pis finalement je me suis rendu compte que je pouvais aller vraiment loin là-dedans, que je pouvais dire n’importe quoi avec MC BrutaLLL. Au début MC BrutaLLL voulait parler de politique, mais des affaires qu’on peut pas dire, mais caché derrière un masque. Ça m’a pris deux ans avant de trouver le masque de MC BrutaLLL parce que j’osais pas pentoute faire cette toune là en show. MC BrutaLLL me permet de dire n’importe quoi, ce moment y parle de sexe, on a juste deux tounes avec Gatineau mais, moi dans ma tête en ce moment la plupart des textes que je signe c’est MC BrutaLLL, c’est juste que on ne les a pas montées. Peut-être que ça va être sur un disque plus solo, je ne sais pas. MC BrutaLLL permet de dire l’indicible. Souvent, ce que MC BrutaLLL a à dire, Séba n’est pas capable de l’accepter.

Question d’aborder le thème de l’Artichaut en bonne et due forme, parle-moi un peu de la chanson The Christ is Right, étant donné que ça parle de religion et de spiritualité...
The Christ is Right c’est un peu une critique des émissions de télé, Évangélisation 2000, c’est une critique de ça. Une fois je suis revenu chez moi j’étais complètement saoul pis je bouffais ma poutine à 5 heures du matin devant ça. Pis j’étais comme, ayoye, c’est vraiment n’importe quoi. C’est une critique des preachers, des gens qui veulent vendre la religion, qui veulent vendre la foi, des gens qui s’enrichissent avec ça. Quand la spiritualité est effacée derrière l’argent, c’est pas mal ça. Mes thèmes en ce moment c’est pas mal rendu ça, j’ai écrit une toune qui s’appelle Résolutions, mais là elle va s’appeler J’te Jure c’est une toune sur le fait de s’améliorer. Pis au début je l’ai écrite comme une joke cette toune là, je disais « Je vais devenir spirituel, je vais pratiquer l’abstinence sexuelle, je vais rentrer dans un monastère pour me faire monk, mais par contre je sais que j’atteindrai pas l’illumination au premier coup de gong » Ça parle beaucoup de spiritualité, de changer, d’arrêter de boire, d’arrêter de fumer. Pis au début je pensais que c’était une joke parce que c’est complètement aberrant le gars au début y veut arrêter de fumer pis à la fin c’est rendu qu’il veut rentrer dans les Ordres. Je l’ai relue deux mois plus tard pis je me suis rendu compte que y a rien de drôle là-dedans. Pis c’est ça, l’œuvre de Gatineau, mes textes au début c’était justement d’affronter mes dépendances en les expliquant, en les exprimant. L’alcoolisme, les problèmes de dépendance au fast-food, moi j’aime ça, Le Gros, c’est moi, c’est pas quelqu’un d’autre. Là je suis en train d’écrire sur l’élévation, la spiritualité, mon dernier texte c’est là-dessus. J’ai fait un autre texte aussi sur le hasard, la convergence, les dieux, la spiritualité, la mécanique quantique. Je suis de plus en plus en train d’écrire là-dessus, l’aspect spirituel, universel, dans le sens de l’univers. J’écris comme si j’étais dans l’univers pis que j’observais la Terre. Il y a beaucoup un désir d’élévation, de spiritualité dans mes textes en ce moment. C’est sous-jacent, je ne l’exprime pas trop parce qu’y faut tout le temps qu’avec Gatineau que ça passe dans un fit un petit peu humoristique. Je suis plein de dépendances mais c’est ça, c’est bien beau de critiquer toutes les sortes de dépendances, comme les dépendances amoureuses mais je pense que la spiritualité c’est ça, dans la spiritualité on peut trouver des solutions.


L’intégraLLL sera lancé sur vos visages le 24 mars, c'est-à-dire ce samedi, à 21h au Petit Campus (57, rue Prince Arthur, métro Sherbrooke). Pour 10$ vous aurez droit, en plus de la performance de Séba et Gatineau, aux rythmes et aux flows de deux rappeurs invités, Bleubird et Sontiago. C’est un rendez-vous à ne pas manquer, pour les amateurs de rap différent, original et authentique, qui casse la baraque. Pour plus d’informations, rendez-vous sur Myspace :

www.myspace.com/gatineau
www.myspace.com/bleubird
www.myspace.com/sontiago

Visitez aussi le blog de Séba/MC BrutaLLL
http://mcbrutalll.blogspot.com

mardi 20 mars 2007

journal L'Artichaut, prêt à être récolté!

Ce midi, à l'agora du pavillon Judith-Jasmin de l'UQÀM, avait lieu le lancement de la nouvelle édition du journal des arts, l'Artichaut. Danse, performance de cirque, projection vidéo et musique se sont côtoyés dans un même lieu pour célébrer la sortie de terre de ce légume artistique. Que d'efforts fournis par toute une équipe. Ce fut un plaisir de distribuer le journal aux étudiants. Je suis très fière du résultat. Le journal est beau, pas sans défauts, mais compte tenu du temps restreint dont nous disposions, le résultat final est très satisfaisant. Pour ceux d'entre vous qui seraient dans l'impossibilité totale d'aller faire un tour à l'UQÀM pour prendre un numéro de l'Artichaut dans l'un des nombreux présentoirs à journaux, je posterai graduellement mes articles de la section musique au cours des prochains jours...

samedi 17 mars 2007

Comme dans un film...en noir et blanc










Titres, dans l'ordre, de haut en bas :
Coke Wheels
Sunny Duval

Set Carré
Robe à Pois
Le Volume Était au Maximum
T'es filmé tsé
Mini Marilou à Rayures

vendredi 16 mars 2007

Ils auront twisté jusqu'à la mort...

Les Macchabées sont morts. Non, ceci n'est pas un pléonasme. Après 11 ans de rock'n'roll à faire danser les squelettes dans leurs placards, ce merveilleux groupe enterre sa musique pour de bon. Je suis vraiment triste de leur mort. Vraiment. J'ai découvert ce groupe sur le site de Bande à Part, dans le spécial sur le rock québécois des années '60. J'ai tout de suite aimé leurs rythmes dansants et leur style rétro irrésistible. Biensur, leur unique album ne se trouvait que chez les disquaires indépendants. Par une belle journée de juin, je suis donc passée aux Anges Vagabonds, voir leur nouveau local tout neuf sur Rachel (avant qu'eux aussi ne s'envolent vers d'autres cieux...) pour acheter le cd des Macchabées. J'ai eu de la chance, il en restait seulement un. Je suis sortie de la petite boutique en souriant, avec cette petite pochette en carton qui contenait 12 chansons twistantes à souhait.

Quelques mois plus tard, le 29 septembre 2006, je les voyais enfin en spectacle. C'était à L'Escogriffe, où d'autre...Il y avait aussi Brigitte Bordel, groupe que j'ai découvert ce soir là et que j'aime beaucoup depuis. J'ai twisté comme jamais à ce spectacle. Je portais ma camisole à pois et rien ni personne n'aurait pu m'empêcher de m'éclater ce soir là. J'étais loin de me douter que je ne les reverrais plus jamais :'( Michel, le chanteur, est venu nous remercier, moi et ma super coloc Mel, d'avoir tant dansé et chanté. Il croyait que nous avions vus les Macchabées plusieurs fois. Et non, juste cette fois là...

Ce soir, j'écoute leur musique avec un mélange d'envie de danser, de pleurer et de rager contre ce foutu bocal trop étroit qu'est la super scène de Montréal cette ville tellement froide. C'est complètement aberrant qu'un groupe tellement excellent comme Les Macchabées décident de mourir parce que leur musique n'est pas rentable. Ça me fait mal au coeur. Chaque jour, il y a un nouveau groupe qui se forme quelque part dans un garage obscur. Chaque jour, il y a un groupe qui se sépare, ou meut, parce qu'il étouffe dans le bocal. Oh biensur, il y a plein d'endroits pour jouer, plein de journaux et de chroniqueurs pour couvrir les spectacles et il y a Myspace qui rassemble des milliers de trippeux de musique. Mais ce n'est que la pointe de l'iceberg. Ça prend des gens pour supporter tout ça. Et des gens, c'est comme des icebergs, ça se déplace très difficilement.

jeudi 15 mars 2007

T'as l'air triste...

Voici un petit texte que j'ai écrit en décembre 2006, un soir de nostalgie, un soir d'envie de raconter cette histoire. Un soir où j'avais besoin de support, un soir où y avait pu de place dans mes tiroirs...


J’suis pas vraiment triste
J’suis plutôt toute seule
Ouais, des fois j’sors en solo
Tant qu’à moi y a rien d’trop beau
Pour le rock and roll et un bon show
J’t’ai déjà vu avant
J’te trouve cool ouais
J’dirais même charmant
Mais qu’est-ce que tu m’veux ?
Pourquoi tu m’fais des beaux yeux ?

Tu voudrais que j’te suive
Tu veux qu’on aille ailleurs
C’est ma ligne du bonheur qui te donne des chaleurs
Fais attention beau parleur
J’en ai ma claque des cruiseurs menteurs
Tu peux m’payer à boire,
J’t’écouterai me conter tes histoires
Mais je sais trop que tu me veux dans ton lit ce soir

La bière coule en même temps que mes défenses s’écroulent
T’es cute, t’es fin, pis j’te sens vulnérable comme un gamin
Prend-moi par la main
En marchant sur St-Laurent
J’te chantonne un air qui parle d’une grande dame qui attend

T’attends le bon moment
Tu me dis « Aller, viens-t-en, j’temmène dans mon Mile-Ennnd
J’va t’montrer mon repaire, fais-moi confiance, laisse-toi faire »
Là ça dégénère, nos vêtements qui tombent par terre
En dedans j’me sens comme un scaphandre qui manque d’air
Si tu voyais de quoi ç’a l’air
Mon corps et ma tête sont en guerre

Touche-moi que j’te touche, regarde-moi encore
Embrasse moi, j’en gémis tellement j’aime ça
J’te regarde jouir en te fixant dans les yeux
Ça me fait sourire, pour un instant tu sembles heureux

Shit comment ça se fait qu’avec toi c’est différent
Que chaque moment passé près de toi est plus intense que le précédent
J’pensais qu’on était qu’un trip d’une nuit, que dès le matin tout serait éteint
Mais on a eu quelques grands soirs
J’me suis donnée à toi, fuck, j’ai osé y croire

T’es pas vraiment sans cœur
T’es plutôt un gars qui a peur
T’aimes bien vivre au jour le jour sans te soucier des détours
J’ten veux pas pour autant
J’me fous ben de la route qu’on prend
L’important c’est où on se rend

mercredi 14 mars 2007

Un nouveau message

Avertissement : Cette histoire contient des éléments basés sur des faits réels. Ce n'est cependant qu'une histoire et elle ne devrait pas être prise au premier degré. Je venais d'écouter le merveilleux film Stranger Than Fiction lorsque j'ai écrit ceci. J'ai simplement eu envie de m'en inspirer pour jouer à la narratrice...

Il était précisément une heure du matin, lundi le 5 mars 2007, lorsque M s'assit devant son ordinateur et ouvrit sa messagerie instantanée. Elle était plutôt fatiguée et ne prêta qu'une attention distraite à la liste de ses amis en ligne. À cette heure, tout le monde dort. Les gens en ligne ne sont pas vraiment devant leur écran, ils sont absents. Il y avait un nouveau message dans sa boîte de réception. M était persuadée que c'était un message sans grande importance, provenant d'un site promoteur de spectacles auquel elle était abonnée. Sa colocataire également abonnée ayant reçu un message semblable quelques heures auparavant, ça ne pouvait être que ça. Elle ouvrit donc nonchalament son courriel et attendit que la page s'affiche. Elle était loin de se douter de ce qui l'attendait.


Ce qu'elle vit la troubla. Ce n'était pas un message provenant d'une liste d'envois. E B "Re : Re : Re : Re : Re : journal l'artichaut" était écrit en gras, en haut de la liste des messages. M Ressentit un mélange de joie et d'angoisse. Avait-elle réellement envie de lire ce message avant d'aller dormir? Question de se donner du courage et de tester le destin, elle décida de mettre son ordinateur en mode muet et d'écouter de la musique sur son lecteur mp3. Elle se plût à remarquer que le rose de l'appareil s'harmonisait avec son pyjama ainsi qu'avec le post-it collé sur son téléphone. Elle tira le premier fil des écouteurs, les ajusta sur ses oreilles, puis tira le deuxième fil et brancha les écouteurs. Elle joua un peu avec le fil avant de mettre le lecteur en marche. La pièce qui jouait la dernière fois qu'elle avait utilisé son lecteur était Would You? du groupe Plaster. M avait envie d'autre chose. Elle commença par ajuster le volume à treize. Puis elle sélectionna l'option DJ, et album du jour, ce qui choisissait un album au hasard. Si l'album choisit lui plaisait, elle lirait le message. Sinon, elle irait dormir.


Le DJ électronique choisit The Scenario, du groupe Pawa Up First. C'était un signe. E avait collaboré avec Pawa sur leur nouvel album, et c'est cette collaboration qui avait incité M à se procurer Introducing New Details, le nouvel opus de la formation. Il fallait donc qu'elle lise le message. Tout à coup, elle eu une intuition. Elle pensa qu'elle devait absolument et impérativement noter quelque part le fait que son lecteur mp3 avait choisit Pawa Up First comme trame sonore à sa lecture du message de E. Elle chercha son journal des yeux. Il était sous une pile de livres scolaires. Puis elle pensa utiliser un autre cahier. Un vierge, plus officiel. Elle hésita. Elle se dit qu'elle pouvait bien utiliser n'importe quel cahier banal. Puis elle saisit son stylo feutre brun et opta pour son journal. Elle s'arrêta avant de l'ouvrir, et se dit qu'elle n'avait qu'à ouvrir un fichier de traitement de texte et à noter son idée sur l'ordinateur. C'était logique, et plus sécuritaire. Étant de nature un peu bordélique, elle aurait tôt fait de perdre un manuscrit. Tout allait très vite dans sa tête. Il fallait qu'elle se décide avant que l'inspiration du moment ne s'évapore. Trouver un cahier. Choisir. Ne rien oublier. Vite. Les idées filaient rapidement. M trancha et prit la voie la plus simple. Un cahier était déjà ouvert devant elle. Il n'y avait qu'à tourner la page et écrire. Elle dactylographierait le manuscrit plus tard. C'est au bout de trois pages et quelques lignes qu'elle réalisa que son cahier avait une couverture rose. Il était donc tout indiqué. Le silence se fit bientôt dans ses oreilles. The Scenario était terminé. Mais elle n'avait pas fini d'écrire. Elle sélectionna donc Introducing New Details et continua d'écrire.



Elle prit une pause de son écriture quelques phrases plus tard et ouvrit enfin le message de E. Il disait de passer dans son coin cette semaine pour prendre son cd. Il demandait d'écrire avant, puisqu'il ne faisait à peu près pas usage du téléphone. Il proposait lundi, mardi ou mercredi soir. M répondit que mardi soir serait parfait. Lundi étant le soir de la télé. Elle demanda à quelle heure elle pouvait passer, et qu'il lui dise où aller le rejoindre. Puis elle envoya le tout, satisfaite. Il était 1h53 lorsqu'elle envoya le message. À 2h17, elle finissait de noter son histoire dans son cahier rose. Dans ses oreilles,
Cycles s'éteignait. J'garde ça réal bondit ensuite. En entendant E rapper son texte pour la énième fois, M se promit que mardi soir, elle serait confiante, heureuse, vraie, rayonnante. Elle adorait son poste de chef de pupitre musique au journal l'Artichaut. Elle ferait honneur à son titre. E sentirait qu'elle n'avait plus mal à cause de lui.